On pouvait redouter le trop-plein, l’asphyxie, ou pire, l’ennui. Digérer 350 œuvres, dont une grande partie inédites, ce n’est pas rien. Surtout quand il en émane un parfum de décrépitude et de mort. La multiplication risquait même d’amortir le choc que produit l’œuvre au noir de Michel Nedjar. Ces craintes volent en éclat devant l’accrochage aussi clair que fluide ménagé par le LaM. La démonstration est limpide : l’artiste ne ressasse pas. L’ancien apprenti tailleur plie et déplie sa « flamboyante sorcellerie », comme l’écrivait joliment Jean Dubuffet, rencontré en 1980.
Ses obsessions sont le fruit d’un court-circuit entre le sublime et l’horreur. Le sublime, c’est la beauté convulsive de l’œuvre d’Aloïse, artiste autodidacte confinée pendant quarante ans dans l’asile de la Rosière, près de Lausanne. Une œuvre que Nedjar découvre par hasard…