Dans une conversation récente avec l’artiste Renaud Jerez, Nicolas Bourriaud évoquait sa proximité avec une contre-histoire de la sculpture moderne, en particulier celle des femmes associées au Surréalisme et leurs réinventions de la figuration à travers un récit personnel, un rapport biographique au corps et aux matériaux. Poursuivant l’actuelle relecture féministe de l’histoire de l’art, l’exposition « In Wonderland » au Lacma de Los Angeles (2012) réunissait certaines d’entre elles – Dorothea Tanning, Louise Bourgeois ou Leonora Carrington – ayant fui le nazisme pour s’installer en Californie ou à Mexico, moins intéressées par Freud que par le chamanisme indigène, Jung ou le vaudou haïtien. Il n’est pas anodin que cette zone géographique soit à nouveau la destination d’une migration artistique majeure, bousculant la centralité gentrifiée de New York. Et il n’y a pas de hasard non plus si Nicolas…
Montpellier, au Sud de la Raison avec Nicolas Bourriaud
Qui l’aurait cru il y a peu ? Le Surréalisme, dont l’héritage paraissait avoir déserté l’art contemporain, revient transformé par l’apport du féminisme et de la notion d’une identité évolutive, loin d’un repli sur une subjectivité autonome. Nicolas Bourriaud en explore la charge émotionnelle, tactile et artificielle dans l’exposition « Retour sur Mulholland Drive » à Montpellier, revisitant certains motifs du film culte de David Lynch. Clin d’œil à Los Angeles, l’autre surprise concerne l’ampleur du projet Montpellier Contemporain dont il est responsable (comprenant la réhabilitation à venir de l’Hôtel Montcalm, dans un territoire où sont déjà installés des lieux incontournables comme le CRAC de Sète et le MRAC de Sérignan), signant le projet régional le plus ambitieux ces dernières années pour une décentralisation de l’art contemporain.