Bernard Ceysson, directeur de 1986 à 1987
« J’avais alors 38 ans, et au musée de Saint-Étienne, nous avions plus de choses qu’il n’y en avait alors au musée national d’art moderne. [Au Centre Pompidou,] il y avait une volonté de modernité avec ce style mécano paquebot. Nous avons tous eu le sentiment d’une rupture avec la vie des musées, ce que certains avaient tenté de faire à leur échelle, comme Pierre Gaudibert à l’ARC [au musée d’art moderne de la Ville de Paris] ou nous à Saint-Étienne. Les critiques étaient très passéistes. Même si le trait parisien est de pointer les faiblesses, tous sentaient que quelque chose se passait. Et bien sûr, à l’époque, je n’imaginais guère devenir un jour directeur du musée ».
Jean-Hubert Martin, directeur de 1987 à 1990
« À quelques mois de l’ouverture de la “raffinerie”, intellectuels et critiques parisiens – dont la clairvoyance ne s’est guère améliorée – nous prédisaient un fiasco total. La crainte de voir la piazza nue, sans un chat, entraîna une série de réunions de crise où l’on alla jusqu’à envisager l’aménagement d’un jardin de sculpture devant le bâtiment. Le vestige de cette peur du vide qui s’était emparée de certains responsables fut l’installation de la tente du cirque Gruss sur la place. Le jour de l’inauguration une foule énorme s’engouffra dans le musée. Giscard d’Estaing, qui avait tenté d’arrêter la construction du Centre, avait du mal à se frayer un passage, talonné par Léon Zitrone qui commentait l’événement mieux que les œuvres qu’il ne connaissait pas. Joseph Beuys, au garde à vous devant…