Le monde de l'art n'en finit pas de se mobiliser contre l'amendement visant à intégrer les oeuvres d'art dans l'ISF. Le président du Syndicat National des Antiquaires, Christian Deydier, nous a déclaré hier que « cela serait catastrophique ». Le gouvernement est lui aussi opposé à cette mesure, comme l'a rappelé à plusieurs reprises la ministre de la Culture. « J'ai vu Aurélie Filippetti cet après-midi (jeudi), nous avons confronté nos arguments. Le gouvernement émettra un avis défavorable, mais ce ne serait pas la première fois qu'une mesure avec un avis gouvernemental défavorable pourrait être éventuellement adoptée », a déclaré Christian Eckert (PS), à l'origine du texte. Mercredi, la commission des Finances de l'Assemblée nationale a adopté à une large majorité cet amendement au projet de budget visant à inclure les oeuvres d'art dans le calcul de l'ISF. Elles seraient prises en compte à partir d'une valeur de plus de 50 000 euros, et non plus 5 000 euros comme initialement proposé. L'examen du projet de loi de Finances 2013 démarre mardi.
D'ici là, les opposants continuent de se mobiliser. L'ancien ministre Jack Lang a réclamé le maintien de l'exonération. La députée UMP Michèle Tabarot, ex-présidente de la commission des Affaires culturelles de l'Assemblée, a elle aussi exprimé sa « plus vive inquiétude ». Cette mesure causerait « un préjudice énorme » au marché français de l'art et à ses emplois, a affirmé Jean-Pierre Osenat, président du Syndicat national des maisons de ventes volontaires (Symev). Pour l'artiste Pierre Soulages (lire p. 6), « ce serait une catastrophe » si les oeuvres d'art étaient prises en compte dans le calcul de l'ISF. « Cette mesure est totalement démagogique et inapplicable car on ne sait pas évaluer les oeuvres d'art techniquement », a renchéri Jérôme Clément, président de la maison de ventes aux enchères Piasa. « Cela encouragera la fraude (...), les oeuvres quitteront la France », a-t-il déploré.