« Au fondement de mon travail, il y a cette question : comment parler d’un point de vue qui n’est pas le mien ?, précise Lili Reynaud Dewar. Je ne dis pas que l’art est un espace où nous pouvons nous dégager de tous les symptômes de l’identité, mais j’aimerais que mon corps même soit l’endroit de circulation d’autres vies, d’autres histoires. Ce n’est pas seulement un questionnement sur la notion d’auteur en tant qu’autorité, c’est à la fois lié à mon obsession pour certains engagements et certains personnages (Sun Ra, Guillaume Dustan, Josephine Baker, Marguerite Duras, Jean Genet), et à mon esprit de contradiction ».
Dans la ville américaine de Memphis, marquée historiquement par les conflits raciaux et de classe – y compris le trauma jamais surmonté de l’assassinat de Martin Luther King –, une grève des éboueurs a marqué l’année 1968 avec les affiches portées par les ouvriers noirs : « I am a Man ». L’extraordinaire ambiguïté de cette affiche – à la fois un rappel à la dignité et une affirmation performative de l’identité de…