Daniel Buren inaugure aujourd'hui son « Monumenta » au Grand Palais. Il nous présente son projet.
R. A. et P. R. Dans quel esprit avez-vous abordé l'intervention au Grand Palais ? Le lieu est-il intimidant ?
D. B. C'est un lieu très intimidant parce qu'il est beau. Tous les lieux qui ont des qualités esthétiques très fortes sont évidemment plus complexes que des lieux plus banals, sans parler des lieux stéréotypés de musées en forme de boîte. Plus c'est beau, plus c'est difficile. Et là, nous sommes quand même dans l'un des espaces les plus spectaculaires en terme de qualité architecturale. La difficulté, c'est de ne pas être mangé par le lieu, de savoir si l'on peut remettre en question cette beauté, ou si, au contraire, on peut faire une intervention qui a une certaine égalité sur le plan plastique ou esthétique. Aucun lieu similaire n'est offert à un seul artiste. Même si on a tout le Guggenheim [à New York], c'est dix fois plus petit ! Quand on voit ce qui s'est passé dans l'histoire du Grand Palais par les documents, c'est extraordinaire. On a envie de dire : « tout a été fait, au revoir. » On se demande ce qui pourrait fonctionner là-dedans qui n'a pas déjà été tenté. Il a accueilli des choses magnifiques, ratées, extravagantes.
R. A. et P. R. Comment jugez-vous les précédents Monumenta ?
D. B. Les deux qui, à mes yeux, étaient très réussies sont ceux de Richard Serra et Anish Kapoor, deux propositions presque opposées. L'un avec un minimum d'effet de positionnement, avec une justesse. Une des choses les moins évidentes ici, c'est de faire les choses en hauteur. Serra a l'oeil et il savait que si l'on…